« Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » remarquait René Char. Marc Petit en est le plus bel exemple. Voilà un immense artiste dont l’oeuvre n’a pas son pareil pour troubler, déranger, déconcerter, bouleverser. Rencontrer ses sculptures, c’est modifier à jamais notre regard sur le monde. C’est comprendre que l’on est face à une oeuvre d’une importance sans égale parmi nos contemporains. Une oeuvre comparable à un choc visuel, dont la puissance, l’envergure, le fond inépuisable nous cloue sur place. C’est si puissant que cela nous remet en question, si lucide que cela nous rapproche du soleil, si frémissant de vie que cela nous fait fondre littéralement. On reste démuni, sans défense, à cours de certitudes devant tant d’intensité artistique. Car Marc Petit possède un vrai génie sculptural. Devant chacun de ses bronzes, on éprouve immédiatement un vertige. Passé le choc de la découverte, passé le premier étonnement, on est époustouflé, chaviré par cette beauté à couper le souffle. On se sent appelé par la chair vivante de la matière, aspiré par sa lumière, soulevé dans les airs par cette présence plénière si attendrissante. Sous leur masque de douleur, ses statues sont si débordantes de tendresse qu’on a envie de les enlacer. On voudrait se serrer éperdument contre elles pour cueillir dans leurs bras de bronze un peu d’amour et d’humanité. Pour partager leur chaleur ou les consoler de leur douleur. Comment ne pas avoir envie de pleurer devant cette oeuvre magnifiquement déchirante qu’est La Famille ? Qui sont ces trois êtres proches, soudés, fondus dans un même amour, qui paradoxalement lévitent en croix ? Rien de plus émouvant aussi que ces solitudes qui se côtoient dans La Quarantaine. C’est comme si leur désespoir télescopait le nôtre. On reste fasciné par ces trente-quatre visages d’enfants sans masque qui s’abandonnent, ces yeux qui se livrent sans fard, et nous laissent sans voix. Admirer l’oeuvre de Marc Petit c’est aller d’éblouissement en éblouissement. Car sous la noirceur apparente se dissimule le soleil, le soleil brûlant de l’amour. Ici le sombre brûle, il réchauffe nos coeurs endurcis, les fait fondre pour ne laisser en nous que la joie incomparable de la tendresse. Et l’on comprend presque trop tard, saturés que nos sommes d’apparences, que dans la vie, il n’y a que les sentiments qui comptent…
Conversation à bâtons rompus avec un homme merveilleux.
Vous avez le regard d’un voyant : de ceux qui ont vu ce que les autres ne voient pas (ils ont la vue basse) comme si vous aviez traversé le monde des apparences (qui s’apparentent à du vide et à des mensonges). Cherchez-vous la vérité ?
Une certaine vérité sans doute mais une vérité qui ne se donne pas au premier regard, ce qui compte est en dessous. La rigueur et l’audace de la forme m’importent bien sûr mais la vérité qui m’intéresse, je la cherche où elle se trouve : derrière l’image. Cela génère une énigme qui même pour moi est incompréhensible.
Vous voulez dire que la vérité est voilée, et qu’il faudrait posséder une sorte d’acuité pour voir derrière l’image de la sculpture ?
Je pense que cela demande un peu de temps. Après la première impression, de sa profondeur aussi enfouie soit-elle, une autre vérité doit monter doucement et prendre toute son importance. Ma sculpture, malgré ses formes sûrement sombres pour certains, n’est pas douloureuse, et si elle a une qualité c’est qu’elle véhicule peut-être un peu de vie et une véritable tendresse.
Vos sculptures sont inlassablement sincères et sublimes. Elles ne mentent pas, ne trichent pas, n’enjolivent pas, ne sont ni formatées ni complaisantes. Elles sont une véritable mise à nu. Montrent-elles le réel sans fard ?
Il n’est pas besoin d’enjoliveurs pour faire fonctionner un véhicule, dans mon travail je les supprime pour ne conserver que l’essentiel : le moteur et les roues. C’est le beau qui m’intéresse, le joli n’apporte rien, je fais tout pour l’éliminer.
Parce que le joli c’est peut-être le seul supportable pour l’être humain ? Le joli rassure. Beaucoup préfèrent la sculpture décorative pour ne pas être troublés par une véritable oeuvre d’art qui nous place face à nous-même et nous dérange.
A la différence du beau, le joli est tributaire des modes. C’est-à-dire du choix des autres. Ma sculpture essaie d’avoir sa propre entité, sa vérité et donc quelque part la mienne. Je n’aime ni les modes ni la mode.
Vous détestez la mode parce que vous détestez les diktats ?
Et depuis toujours ! La dernière fois que je suis allé chez le coiffeur – qui en l’occurrence était une coiffeuse – j’avais 17 ans. La coiffeuse m’a raté, elle m’a fait une tête de premier de la classe ce qui n’était pas mon cas ! Lorsque j’ai réglé la note, elle m’a dit, fière d’elle que j’étais très beau, que j’étais tout à fait à la mode. Instantanément, je me suis dit : « jamais plus je ne donnerai un centime à un coiffeur ! » Depuis, je me coupe les cheveux seul, et cela dure depuis 45 ans ! Il est vrai que je me suis parfois fait des coupes étranges ! Mais je préfère rater ma coiffure par mon incapacité que de la déléguer à quelqu’un qui la ratera pour une des plus mauvaises raisons.
J’ai lu que vous aviez commencé à sculpter véritablement à la mort de votre grand-mère. Vous l’avez vu mourir et cette proximité du néant vous a fait devenir un autre homme en une demi-heure. A regarder votre oeuvre, j’ai l’impression que ce sont vos morts qui vous sculptent. Vous avez trouvé un merveilleux dispositif pour expulser vos fantômes : vous les rendez vivants en les sculptant…
Le vide et l’absurdité de notre condition humaine me sont apparus à ce moment là. Ma mère et ma grand-mère sont des êtres qui m’ont porté. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, c’est moi qui les porte. Elles sont là présentes en permanence et doivent apparaître sans doute quelque part dans mes sculptures.
Vous ne faites pas d’auto-analyse ?
Je ne souhaite qu’équilibrer une forme dans l’espace. C’est déjà suffisamment compliqué sans y ajouter consciemment mes problèmes personnels qui n’apporteraient rien. Quand je vais à l’atelier, j’y suis entier, avec ma douleur et ma joie. Mais cela n’influence pas mon travail. Je me borne simplement à essayer d’être sculpteur.
Y-a-t-il des autoportraits dans votre oeuvre ?
J’en ai fait deux ou trois quand j’étais très jeune mais depuis, des autoportraits au sens réel du terme, non. Par contre il faudrait qu’à ma dernière sculpture, la somme de ce que j’ai produit soit un autoportrait.
C’est beau ce que vous dites !
J’espère que l’ensemble me ressemblera tout en dépassant mon image.
Prenez-vous conscience de ce que vous êtes en sculptant ?
Cela me modifie, cela ne m’éloigne pas de ce que je suis mais cela m’éloigne de ce que je crois de moi. Le fait de sculpter génère des questions inédites qui m’écartent de ce que je sais.
Votre oeuvre dérange ceux qui ne veulent pas voir la vérité de l’existence : comme la souffrance d’exister, le décharnement de la vieillesse, la blessure du temps, l’oeuvre de la maladie. Admirez vos oeuvres est-ce accepter le réel ?
C’est en se regardant dans la glace avant de prendre sa douche le matin, avant de s’être maquillé, qu’il faut s’aimer; avant d’être apprêté qu’il faut se trouver beau. Certains refusent, et c’est ainsi, de se voir comme ils sont et n’aiment pas ce que leur renvoient les miroirs.
Selon vous, pourquoi les êtres ne supportent pas le réel ?
Parce que le réel n’est pas drôle ! Nous avons tous une épée de Damoclès au-dessus de la tête, nous allons mourir et certains refusent de l’admettre. Pour d’autres, vieillir est inacceptable. Aussi surprenant que je le ressente, nombre de nos contemporains se font refaire des parties du corps pour paraître plus jeunes. Il est, parait-il, fréquent que certains fassent disparaître leurs rides.
Ont-ils recours à la chirurgie esthétique parce qu’ils ont une mauvaise image intérieure d’eux ?
Sans doute et c’est cette intériorité que j’essaye de montrer dans mon travail. C’est peut-être pour cela que certains le trouvent dérangeant. L’image extérieure existe bien sûr mais elle est la conséquence de ce que nous sommes en dedans. Les gens qui n’ont jamais souri n’ont pas les rides du sourire … Il n’y a rien de plus beau qu’une ride…
Votre travail dit-il crûment la vérité de notre condition humaine : que l’homme est un être-pour-la-mort ?
Je laisserai volontiers cette réflexion aux philosophes mais il me semble que savoir qu’elle va finir est la condition sine qua non pour que la vie ait du sens !
En même temps, cherchez-vous à offrir l’éternité à vos morts ? Comme Proust lorsqu’il édifie La Recherche du temps perdu, inconsolable qu’il est de la mort de sa mère ?
J’ai l’espoir que mes statues durent puisque je les fais en bronze. L’art éphémère me terrorise. Je ne pourrais pas créer une oeuvre qui va disparaître dans un, deux ou trois ans et qui est vouée à une destruction rapide. Mais pour répondre à votre question, je vous dirai plutôt que ma sculpture est un hommage à la vie, c’est-à-dire un hommage à celles qui la donnent.
Donc un hommage à la nature !
Je m’émerveille de voir une fleur pousser parce que je ne comprends pas comment c’est possible. En définitive, me fascine et m’intéresse tout ce que je ne comprends pas, et entre tout, l’absurdité de la vie mais surtout son mystère.
L’immortalité serait-elle l’apothéose de la vie ?
Tout sauf ça, nous ne serions pas en train de faire l’interview si nous étions persuadés vous et moi d’être là dans cent mille ans. Si nous parlons ensemble aujourd’hui c’est parce que nous savons que le temps nous est compté. L’immortalité nous rendrait impuissant, on s’installerait dans un fauteuil et on attendrait !
L’art est-ce une façon de conjurer la mort ?
C’est en tout cas une façon de lui faire un pied de nez.
Pourquoi sculptez-vous en fait ?
Je ne sais pas ! Plus sérieusement, cela fait 47 ans que je travaille et que cela me préoccupe en permanence. Dernièrement, j’ai eu quelques petits soucis de santé et j’ai peu travaillé. Je me suis rendu compte que cela me manquait vraiment et bien plus que je ne l’aurais cru.
Les vernissages ont-ils de l’importance pour vous ?
Oui, cela me permet de passer de bons moments avec des amis, c’est une forme de fête. Sans compter que c’est important pour moi de pouvoir confronter mon travail au regard des autres. Je suis respectueux et attentif, et si quelqu’un me dit « que c’est beau ! » ou « quelle horreur ! » en découvrant une de mes sculptures, cela me fait réfléchir et me pose question…
Oui, mais si cette personne émet ce jugement, c’est parce que votre sculpture l’a dérangé, et c’est plutôt bon signe ! Cela veut dire que votre travail a atteint son but !
Oui sans doute, et si quelqu’un me dit je préfère cette sculpture plutôt que celle-là, cela m’aide et m’enrichit de sa perception. Le regard d’autrui sert à baliser lui aussi mon travail, mais il ne l’influence pas, je reste seul juge. Je crois qu’une oeuvre d’art doit déranger, mais pour apporter un nouvel ordre, une nouvelle façon de voir, une nouvelle façon d’aimer, une nouvelle façon d’embrasser. Quand je regarde un tableau de Vermeer, peintre que j’aime profondément, j’apprends à voir autrement. Même si ses tableaux sont de petits formats, je n’ose pas les regarder en entier tellement ils sont immenses… Je peux passer des heures à me concentrer sur une de ses draperies, la touche du pinceau, la manière dont il pose la peinture est grandiose. Et c’est cette ‘grandeur’ qui permet d’approcher la beauté…
Et vous vous en approchez de plus en plus ?
Je n’en sais rien car chaque fois que j’ai l’impression de m’en approcher, elle s’éloigne.
Ce n’est pas étonnant ! C’est parce que vous êtes exigeant !
J’aimerais que le fond et la forme disent la même chose et arrivent à s’unifier. Giacometti disait une chose extraordinaire : « si vous cassez un objet en deux, vous n’avez plus d’objet. Si vous cassez une sculpture chaldéenne en quatre, vous avez quatre sculptures chaldéennes ». Michel Ange exprimait à peu près la même chose quand il déclarait : « Prenez une sculpture, montez-la en haut d’une colline et jetez-la, gardez le plus gros morceau, le reste était inutile ». Chaque partie de la sculpture doit porter et dire la sculpture en entier.
Vous dérangez l’ordre du monde. Vous nous donnez une nouvelle vision du monde grâce à vos sculptures…
Tant mieux si c’est le cas, même si ‘déranger’ n’est pas mon but.
J’ai le sentiment que votre oeuvre cherche à atteindre l’essence du vivant. Cherchez-vous à exposer la façon dont la douleur et la joie nous affectent ? La façon dont nous sommes traversés par les émotions ?
Ma sculpture me semble achevée lorsqu’elle me fascine et m’émeut.
Mais parfois quand on regarde votre travail, c’est un visage douloureux que l’on voit…
Et qui nous dit « Savoure quand tu pleures ». C’est plus profond de faire sourire une sculpture sous un masque qui peut être inquiétant, cela donne davantage d’intensité. Le spectateur qui se rend compte au bout d’un certain temps, presque comme une révélation, que ma sculpture est tendre le ressent souvent avec joie et étonnement.
A travers vos sculptures, je n’ai ressenti que de la tendresse ! Je pense que vous êtes un grand affectif, un grand sentimental !
Oui ! J’aime aimer et j’aime qu’on m’aime, et ma sculpture ne peut être que tendre puisque je suis tendre !
En même temps, pour un regard néophyte ou un regard disons normal, on ne ressent pas forcément cette tendresse au premier abord !
En effet ! Certains pensent que je plaisante quand je leur parle de tendresse …
Donc il faut apprendre à regarder votre sculpture !
Comme tout ! Comme toute oeuvre d’art ! Si je passe six mois à réfléchir et à travailler sur une sculpture, il faut accepter de ne pas tout voir en trente secondes !
Mais peut-être que plus on regarde une oeuvre, plus on la trouve belle !
C’est toute la différence entre une oeuvre et un chef-d’oeuvre. Une oeuvre, au bout d’un moment, peut lasser. Un chef-d’oeuvre est inépuisable, il posera toujours de nouvelles questions et seul le temps pourra dire dans quelle catégorie on classera telle peinture, telle sculpture ou tel roman …
Dans le livre d’Herman Hesse, Narcisse et Goldmund, le héros, un sculpteur, cherche éperdument à travers toutes ses sculptures le visage de sa mère. En fin de vie seulement, il parvient à donner une forme à l’absente et réalise l’oeuvre parfaite. Il peut alors mourir en paix. Poursuivez-vous, comme lui, une seule vision ?
Non ! Ce que je poursuis, c’est la sculpture, parce que depuis longtemps je la sais inaccessible. C’est pour ça que je dis que sculpteur est un métier terrifiant qui ne se termine que par un échec et de la frustration !
Oui, mais une frustration qui donnera naissance à de merveilleuses oeuvres, lesquelles feront parti du réel, et nous apprendrons à mieux regarder le monde ! Lorsque les amateurs d’art vous disent qu’ils ont été bouleversés par une de vos statues, qu’ils vont l’admirer à l’infini, c’est gratifiant, non ?
J’ai eu parfois des réactions extraordinaires grâce à mon travail, qui ont profondément touché l’homme, mais pas le sculpteur qui va à l’atelier et c’est heureux, il faut essayer d’éviter d’attraper la grosse tête. Rodin à l’approche de ses 60 ans, après avoir réalisé son Balzac, souligne « C’est maintenant que je voudrais avoir vingt ans parce que je crois que je commence à comprendre ». Michel Ange affirme qu’il aurait mieux fait de travailler dans une fabrique de souffre, cela aurait mieux servi la société ! Giacometti désespère et déplore : » Le jour où je saurai faire la tête de Diego (son frère et son premier modèle), j’arrêterai la sculpture « .
Un jour, peut-être, atteindrez vous ce que vous avez envie d’atteindre…
Je ne l’espère pas, parce que si cela arrivait, je n’aurais plus aucune raison de travailler.
J’ai la sensation que vos sculptures veillent sur vous comme une armée d’anges gardiens qui protègent l’enfant que vous êtes peut-être, encore…
J’espère bien que je suis un enfant protégé pour toujours… Mais par contre, je ne sais par qui…
Est-ce difficile de vous séparer de vos sculptures ?
Non, cela ne me dérange pas, ce n’est pas parce que je les vends qu’elles ne sont plus à moi.
Comme disaient les Grecs, les oeuvres d’art ont leur propre destin !
Oui et mes sculptures sont comme mes enfants, je ne les ai pas faits pour les garder avec moi. Ils et elles ont leur vie propre.
La sculpture est-elle une thérapie pour vous ?
Non ! Je ne suis pas malade !
Sculpter vous apaise ?
Quand ça marche bien, oui !
Etes-vous d’accord avec Lacan qui affirme que l’art c’est l’inconscient qui parle à l’inconscient. Et que les symptômes parlent dans l’oeuvre. Comme par exemple la peur de la solitude, de la mort, l’angoisse de l’abandon ?
Je ne sais que répondre à cela.
J’ai l’impression que l’angoisse de l’abandon transparaît dans les gestes de vos sculptures, avec ces mains tendues, ces postures d’attente, ces tensions. L’oeuvre d’art est le miroir de l’inconscient…
Les positions, les gestes s’intègrent dans une architecture et sont avant tout guidés par des logiques plastiques. Sinon plus que l’inconscient me semble-t-il, c’est souvent le hasard qui s’impose dans mon travail. Mais quand on est honnête quelque chose de soi ressort forcément involontairement.
Dans certaines de vos sculptures, on a l’impression d’entendre le Cri de Munch !
Le Cri de Munch, c’est un tableau !
Bien sûr, mais on croit entendre ce cri lorsqu’on regarde la toile. Certaines de vos sculptures ont la bouche ouverte, un cri en sort…
Cela a été une période autour des années 2000 où toutes mes sculptures avaient la bouche ouverte. Depuis, et cela n’empêche pas le cri mais un cri qui est silencieux, ce qui me semble plus fort, la plupart du temps aujourd’hui mes bouches sont fermées.
Vous êtes un immense sculpteur. Sans doute le plus grand de notre époque. Et vous êtes aussi le plus modeste. Vos oeuvres sont d’une poésie et d’une grâce incroyables, d’une liberté absolue, d’une puissance et d’une force uniques et pourtant vous remarquez humblement que vous menez une vie d’employé de bureau !
Je m’astreins à des horaires de travail, parce que je suis un peu paresseux ! Je me rends à l’atelier tous les jours de la semaine comme un employé de bureau ! Après, personne ne m’interdit d’y aller le samedi et le dimanche si j’en ai envie, et personne, non plus, ne m’interdit d’y aller la nuit. Mais je suis tenu, en semaine,d’y être de 9 h à 12h30 et de 13h à 17h30.
Quelle discipline !
Je ne crois pas à l’inspiration ! L’inspiration c’est 0,0001 % et tout le reste du travail ! Je pense qu’une sculpture a gagné sa vie quand elle permet d’en faire une autre; quand elle a, après avoir répondu aux siennes, engendré des nouvelles questions.
Vous êtes l’un des seuls artistes contemporains à pouvoir s’enorgueillir d’avoir de son vivant un musée à son nom. Inauguré à Ajaccio en 2008, ce musée est-il la reconnaissance que vous attendiez ?
C’est un cadeau qui m’est tombé dessus et c’était bien évidement inespéré ! Il aurait fallu que je sois d’une prétention incroyable…
Cela vous a plu cette reconnaissance ?
Bien sûr, c’est merveilleux et cela me rend fier.
J’adore votre sculpture La Quarantaine, des enfants groupés dans un berceau. C’est une incroyable claque existentielle. Que dit-elle ?
Elle fait pourtant référence à une période heureuse, la naissance de mon fils aîné. Pour le protéger, comme de nombreux parents, je l’ai mis dans un parc d’un mètre carré avec des barreaux de cinquante centimètres de haut et je l’ai mal vécu, j’ai trouvé que cela évoquait un univers carcéral. Ce matin là, j’ai décidé que je ferai une sculpture avec un jeune enfant prisonnier dans un parc. Quand j’ai créé la sculpture, cela ne fonctionnait pas, pour répondre à mon ressenti, j’ai décidé de le remplir. Et de fait, il y a 34 enfants dans ce parc, mais aucun ne regarde dans la même direction. Ce sont 34 solitudes.
La série, le groupe signifie quoi ?
C’est une manière d’amplifier l’espace et de multiplier les problèmes. Mes groupes sont composés de personnages agglutinés, mais seuls. Ils sont une addition de solitudes à qui il faut apporter de la convergence.
Pensez-vous que le réel nous condamne à la solitude ?
Les moments dramatiques, la souffrance, la maladie, la mort se vivent toujours seul. Par contre le bonheur se partage, un bon vin est meilleur lorsqu’on ne le boit pas seul. La joie de vivre se partage mais par contre le côté sombre et noir de la vie, se vit seul malgré tous les efforts que font, pour nous soutenir, les gens qui nous aiment.
Quelle sculpture préférez-vous au monde ?
J’adore Le Christ Courajod qui est au Louvre, c’est une sculpture du XIIème qui est un chef-d’oeuvre. J’aime la sculpture khmer, la sculpture africaine. J’aime Phidias, ses oeuvres sont admirables. Mais il y en a tellement d’autres … et dans toutes les cultures …
Quel rôle joue l’affectivité dans votre création ?
Elle est partout parce que j’aime aimer.
Marc Petit, êtes-vous heureux ?
Je dis toujours que je voudrais vivre 150 ans et je pense que je vais y arriver !!
Propos recueillis par Isabelle Gaudé
Site de Marc Petit Sculpteur : http://www.marc-petit.com/
Quel choc ce formidable documentaire
Cet Artiste Marc Petit est inclassable, il ne peut se réfère d aucune École Artistique C est un géant cet homme …oui je ne veux pas trahir mes propres impressions lorsque le choc de ces sculptures me bousculent, la vision de morts vivants de notre finitude, me terrifient .
Je lis la vision philosophique qu exprimé cet artiste , et les mots qu il pose avec une si belle humiliés, et su il nous parle ainsi de l humain nu dans une beauté faite d imperfections
Il ne dérange plus Marc Petit…..il ouvre le voile et laisse entrevoir l humain er sa grande solitude.
Je passe et repasse sur cette étonnante vidéos, toutes ces œuvres…..oh que non ne pas l,assimiler à tous ces culbuteurs se pensant créatifs ne font rien d autres que d,utiliser les codes du marché. Ceui qui comprend comme le fit Michel Ange, lorsque son œuvre se dispersé en morceaux , que ce seul morceau représente sa sculture comme nos neutrons et électrons procèdent d une seule et même présence
Dans l œuvre de Marc Petit ….
.Dieu s arrête devant chacune de ces Sculptures…..et y retrouve ces enfants de la Terre
.
Extraordinaire ces sculptures
Triste , certain très poétique et avec beaucoup de sentiments
Ça me montre un homme sensible et sensuel à même temps
I incertitude de l’homme l’humain imparfait et seule oui….. la solitude sensuel
Merci à l’artiste
Cordialement Ursula Hansen