2016. Google publie un classement des destinations week-end les plus prisées parmi les villes européennes. A la surprise générale, Deauville s’arroge la quatrième place. Devancée par Londres, Venise et Barcelone, mais se classant devant Paris, la cité balnéaire normande rallie tous les suffrages. Plébiscitée par tous (touristes, visiteurs occasionnels ou habitués) la ville bat chaque année des records de fréquentation. Et pour cause. Véritable aimant à rêves, Deauville n’en finit pas de fasciner. Ville attractive, capitale du cheval, ville des amoureux depuis « Un Homme et une Femme », ville du glamour avec son sublime casino, ses palaces de rêve, ses boutiques de luxe, son goût du plaisir, sa parade des planches, sa plage mythique (deux kilomètres de sable fin piqué de parasols multicolores), la perle du Pays d’Auge regorge d’attraits. Et de mystères. Car il émane de Deauville un je ne sais quoi de magique. Comme une promesse de bonheur. Un parfum d’exaltation et d’existence heureuse. D’abord, il y a l’océan. Ces magies de la mer, ces couleurs du ciel, la vibration du vent, la lumière de l’aube. Ces visions éblouissantes d’une nature inlassablement belle. Énigme de cristal aux ciels changeants, fille de la terre et de la mer, la belle normande semble n’être chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre… Sa splendeur naturelle se prolonge jusque dans l’élégance arborée de sa station, sa beauté architecturale, ses magnifiques villas. Unique en son genre, Deauville n’a pas son pareil pour éblouir. Il y a chez elle, quelque chose d’indéfinissable, comme un éclat, une miraculeuse harmonie, une poésie qui nous laisse sous le charme. Résultat : on ne peut y séjourner une fois, sans souhaiter y revenir mille fois. Irrésistible Deauville, qui se goûte, se savoure pour un séjour, un été, une année, une vie.
Le miracle de Deauville est de susciter tous les mirages. Celui de la richesse, avec le jeu, les courses hippiques, les ventes de pur-sang. Ici, on vibre, on flambe, les fortunes se font et se défont dans un vertige, une griserie fiévreuse qui a fait la légende de Deauville. C’est aussi l’invitation au luxe – ultime émanation de la beauté -, l’incitation à la beauté, le rendez-vous de la mode, de la couture et de l’élégance. Avec son penchant pour le prestige, les paillettes, le faste, les fêtes et les festivals, les tapis rouge et les célébrités, Deauville respire le mystère, le rêve, et inspire l’amour. C’est la ville des coups de foudre, la cité romantique par excellence. Car tout est possible à Deauville… C’est ce qu’a merveilleusement compris son maire, Philippe Augier. Cet homme visionnaire, a fait, d’année en année, de sa ville, la ville de tous les possibles. Grâce à lui, Deauville ne connait plus de limites. Il lui offre tout : une fabuleuse politique événementielle. Deux festivals de cinéma dont un sublime festival américain qui ravit un public toujours plus large. Des ventes prestigieuses de Yearlings où se pressent la planète toute entière. Non content d’assurer à sa station balnéaire une notoriété mondiale grâce à la filière équine, Philippe Augier lui donne davantage encore : une incroyable vitalité culturelle. L’art et la culture ne cessent de se rencontrer à Deauville. Avec des concerts prestigieux, de remarquables expositions de peintures et de photos. Mais aussi des voyages dans la littérature couronnés par plusieurs prix littéraires dont « Le Prix Littéraire de la Ville de Deauville » présidé par Jérôme Garcin. Philippe Augier porte un tel amour à sa ville, qu’en 2017, il réalise même l’impossible : faire de sa station balnéaire la cité de la philosophie. Grâce à son inventivité, cet esprit brillant et lettré va offrir à Deauville une nouvelle métamorphose. Car il est persuadé – à juste titre d’ailleurs – que la capacité à se réinventer de Deauville est infinie. Résultat : la philosophie est à l’honneur à Deauville avec des conférences de philosophie données par Michel Onfray, des colloques par Régis Debray. On y débat, discute, polémique. Deauville, ville de la pensée. A vrai dire, depuis 17 ans, le très charismatique maire de Deauville n’a eu de cesse d’exploiter toutes les potentialités de cette région qui lui tient tant à cœur, se battant pour offrir le meilleur à sa ville et à la Normandie. Ses ambitions pour elles n’ont jamais connu de limites, et c’est admirable. Il a fait aussi le pari de rendre ses administrés heureux. Pari réussi.
Vous êtes maire de Deauville depuis 17 ans, un maire très apprécié de ses administrés. Serez-vous tout naturellement candidat aux Municipales de 2020 ?
Pour l’instant aucune décision n’est prise. Mais si je vais bien, j’y réfléchirai positivement…
Machiavel disait : « Gouverner c’est faire croire ». Est-ce votre conception de la politique ?
Je préfère la formule de Mendes France : « gouverner c’est prévoir ». Je crois que plus que jamais les élus doivent anticiper, à une époque où le monde s’accélère, se transforme totalement du fait de la mondialisation et des nouvelles technologies.
Avez-vous des modèles en politique ?
Mon modèle fut mon mentor, Michel d’Ornano. Il a été l’un de mes premiers liens avec Deauville, et avec la politique. Il était directeur de campagne de Giscard en 1974 quand j’étais moi-même le meneur de la campagne « Giscard à la barre ». Je travaillais à ses côtés. C’est un homme pour qui j’ai toujours eu beaucoup d’admiration et d’affection.
Vous appréciez Emmanuel Macron. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
Très tôt, j’ai été séduit par Emmanuel Macron, bien avant qu’il ne soit candidat. Ce qui m’a plu chez lui, c’est sa vision de l’avenir. Mon premier contact direct avec lui, en tête-à-tête, a eu lieu en octobre 2015, il était alors ministre à Bercy. Pour moi, il incarnait un vieux rêve politique, qui était de supprimer ce dualisme droite-gauche, ce dont rêvait déjà Giscard. La détermination d’Emmanuel Macron, son absence de crainte en politique, sa façon d’être au-dessus des jeux partisans me donnaient envie de m’engager auprès de lui. Je crois que les jeux partisans sont des freins au développement économique, au développement social, et très tôt, j’ai senti qu’Emmanuel Macron n’avait peur de rien, qu’il avançait quels que soient les obstacles, et surtout quels que soient les obstacles politiciens.
Il a redonné aussi du brio et du brillant à la fonction présidentielle…
En effet. J’ajouterai aussi qu’il a redonné du crédit à la France dans le monde entier et qu’aujourd’hui, c’est l’un des hommes d’état les plus écoutés.
Depuis 17 ans, vous vous donnez « corps et âme » à Deauville, avec un engagement de chaque minute pour servir votre région et vos concitoyens. Après avoir été parisien, vous êtes devenu résolument normand. Depuis 2008, vous êtes Président de la communauté des communes de la Côte fleurie. De 2010 à 2015, vous avez présidé aussi le groupe centriste au Conseil régional de Basse Normandie. Quelles sont désormais vos ambitions pour la Normandie ?
En 2015, j’ai choisi de ne pas être candidat au Conseil régional. A la suite de l’élection de la nouvelle majorité du Conseil régional, le président Hervé Morin m’a confié la présidence d’une « Agence d’attractivité de la Normandie « , compte-tenu du travail de fond que j’avais réalisé sur la Normandie. J’avais écrit un livre en 2003, « Mes ambitions pour la Normandie », pour préparer les régionales de 2004, en vue de la réunification de la Normandie. Notre vœu a été exaucé et depuis je reste un soutien indéfectible d’Hervé Morin. Quant à « l’Agence d’Attractivité de la Normandie », elle a pour objectif de mettre en évidence l’ensemble des atouts de la Normandie, de les faire valoir aussi bien auprès des normands qui ont besoin de retrouver leur fierté, leur identité de normands, (un peu comme les bretons ont su le faire), mais aussi de les faire connaître à l’étranger. Nous avons mis en place tout un réseau d’ambassadeurs (nous avons près de 3000 ambassadeurs) et nous installons des clubs d’ambassadeurs dans tous les pays du monde de façon à ce que la Normandie soit valorisée à l’étranger car elle a beaucoup d’atouts et d’attraits qui ne sont pas connus.
Deauville fait rêver. Ville de lumières, de plaisir, de people, de glamour, de luxe, de jeux, ville tendance et touristique. Deauville, ville « bling-bling », ou a-t-elle une âme ?
Je pense que Deauville a été « bling-bling », mais elle ne l’est plus dans la mesure où c’est une ville d’élégance, de luxe sans le côté ostentatoire du « bling-bling ». Compte-tenu des services qu’elle offre, du fait de ses palaces, de son casino, de ses magasins de marque etc., Deauville attire beaucoup de gens fortunés, qui s’y trouvent bien. Pourquoi ? Parce que Deauville a su garder son âme. Lorsque je suis arrivé à la Mairie, les villas disparaissaient remplacées par des immeubles. A l’époque, le foncier n’était pas aussi attractif que maintenant, et souvent lors des successions, les maisons revenaient à la troisième ou quatrième génération avec des indivisions terribles. Les descendants ne voulaient pas faire de travaux, ils préféraient vendre leur bien à des promoteurs désireux de construire des immeubles. J’ai tout de suite cherché à stopper ce mouvement-là. Cela a été l’une de mes premières actions. J’ai protégé les villas grâce à la mise en place d’une zone de protection du patrimoine architecturale. Dès que j’ai lancé la procédure, cela a permis de ne plus démolir. Nous avons ainsi protégé 555 bâtiments, ce qui est colossal politiquement. Et nous en sommes fiers car l’âme de Deauville passe par ses villas de style Belle Epoque, ses bâtiments à colombages. Deauville a gardé sa beauté, son élégance architecturale. Par ailleurs, ce qui a donné une nouvelle dimension à la ville, c’est toute la politique culturelle, événementielle, sportive que nous avons développée. Le fait qu’aujourd’hui l’année soit ponctuée de festivals, d’événements sportifs, culturels a donné un supplément d’âme, en tout cas un supplément d’image à Deauville qui n’est plus réputée uniquement parce qu’elle attire des gens riches mais aussi parce qu’il s’y passe toujours quelque chose.
Deauville vit essentiellement du tourisme. Avez-vous l’intention de favoriser la venue d’entreprises pour sédentariser la population ?
Oui, et je crois que l’une de nos problématiques, c’est la diversification de notre économie qui est à 90% touristique. La seule façon de procéder, c’est d’attirer des entreprises du tertiaire. Sauf que dans une cité balnéaire toute petite (Deauville s’étend sur une superficie de 360 hectares dont 60 de champs de course, soit un sixième de la ville) il n’y a pas de bureaux. L’une de mes préoccupations, depuis maintenant plus de dix ans, c’est d’arriver à créer des bureaux de façon à attirer des entreprises. Il y a eu des opérations privées que nous avons facilitées, la ville a racheté la grande maison de l’aumônier des Franciscaines, avec ses 500 mètres carrés que nous avons transformés en bureaux. Dans les immeubles de la presqu’île qui sont en cours de construction, il y a un immeuble entier de bureaux. Pour avoir cette offre de bureaux, nous avons également rénové des locaux de mille mètres carrés que nous avons mis à la disposition de start-up, orientées vers le tourisme, le sport et la culture. Nous leurs louons ces locaux à des tarifs préférentiels.Tout cela a l’avantage d’accueillir de nouvelles entreprises et de jeunes entrepreneurs à Deauville. Ce qui nous permet aussi d’améliorer notre pyramide des âges.
Mieux que personne, vous ravivez en permanence les lumières de Deauville, avec une politique événementielle de tout premier ordre. Le bonheur des habitants de Deauville vous tient-il à cœur ?
C’est ma première préoccupation. Que souhaitent les gens pour vivre heureux dans une ville ? Un cadre de vie agréable, une vraie qualité de vie. Pour ce faire, que faut-il ? Un enseignement de qualité. Nous avons une école primaire absolument remarquable en termes d’activités et d’éveil pour les enfants. Il faut de la médecine. Nous avons aidé à l’installation d’une maison médicale qui regroupe tous les médecins, les spécialistes, les radiologues, les laboratoires d’analyses, les kinés, dans un immeuble de 2000 mètres carrés. Là, il y a un accès facile pour l’ensemble de la population. Il faut de la culture, du sport, de la convivialité, nous avons développé une vie associative extrêmement riche, avec plus de 130 associations sur le territoire. Nous avons construit un complexe sportif. Ces équipements sportifs permettent à la fois la pratique du sport par les locaux mais aussi l’accueil d’équipes nationales ou internationales qui viennent s’entraîner, ou la venue d’événements sportifs importants. Quant à la culture, nous parions sur elle pour développer l’attractivité de notre ville et son rayonnement international. Nous avons un festival de photos au mois de novembre, deux festivals de musique classique à Pâques et au mois d’août, un festival du livre, deux festivals du cinéma (un festival du cinéma américain, et un festival du film asiatique), il y a ici une totale diversité de vie culturelle. La culture est une source de lien social. C’est même un outil de paix, car en découvrant les autres cultures, on comprend mieux les autres. Nous avons aussi des congrès internationaux sur l’économie, nous avons eu le G8 en 2011 avec Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Le monde et les cultures se rencontrent à Deauville. Enfin, nous sommes en train de construire un lieu de vie culturel permanent « Les Franciscaines ». Nous avons racheté les locaux de la congrégation des sœurs Franciscaines, avec 6000 mètres carrés de plancher sur lesquels nous allons installer un musée, une médiathèque, des univers thématiques liés au territoire. C’est un concept totalement innovant, entièrement digitalisé, qui ouvrira en 2020.
Deauville est une ville modèle. Quiconque veut s’offrir une escapade romantique ou un week-end festif, pense tout de suite à Deauville…
En 2016, Google a sorti un classement absolument hallucinant, « quelles sont les villes européennes que vous choisiriez en priorité pour passer un week-end (c’est-à-dire un séjour court) ? ». Et devinez quoi ? Deauville était quatrième ! Derrière Londres, Venise, et Barcelone ! Et avant Paris ! C’est magnifique, non ! C’est vrai que l’on essaie de faire de Deauville une ville modèle, on essaie aussi d’en faire une ville modèle en matière de propreté, en matière de fleurissement. C’est vrai que parfois la plage est un peu sale le soir mais elle est nettoyée tous les matins. Comme les gens sont inciviques, ils jettent leurs détritus sur la plage. On vient de commencer une campagne de lutte contre l’incivisme, avec des ramassages symboliques de déchets sur la plage, certains jours de la semaine. Sachez que Deauville est l’une des seules plages françaises à être intégralement nettoyée tous les matins entre quatre heures et dix heures du matin.
Cioran disait « Il n’y a de vivant que l’avenir » Avez-vous l’intention d’écrire celui de Deauville ?
Ma vision de l’avenir de Deauville tient dans les mots clefs que sont nos valeurs. C’est-à-dire la rencontre, le partage, la culture, la créativité, le plaisir, et le bien-être. Ce sont ces valeurs-là que les visiteurs rechercheront dans l’avenir pour venir en villégiature dans les meilleures conditions.
Le réalisateur de « Mission Impossible » affirme qu’une ville aujourd’hui n’existe internationalement que si elle passe au cinéma. Cinquante-cinq films ont été tournés à Deauville et sur Deauville dont « Un homme et une femme », « Je suis timide mais je me soigne », « Sagan », « La Disparue de Deauville », « Hôtel Normandie » etc. Y-a-t-il actuellement d’autres films en préparation ?
Pas à ma connaissance. Mais c’est vrai que le cinéma compte pour beaucoup dans l’aura de Deauville. Je suis tellement convaincu de cela, qu’après cinq ans de pourparlers, j’ai réussi à obtenir que le tournage d’une série télévisée coréenne « The Package » se passe à Deauville. Quand les spectateurs à l’étranger découvrent une ville au cinéma, ils s’y précipitent ensuite. Depuis la diffusion de cette série, nous avons remarqué une affluence de Coréens à Deauville. Non seulement la série « The Package » a été diffusée en Corée mais le producteur a vendu la série en Chine, ce qui veut dire que les Chinois vont sans doute venir à Deauville.
Deauville, c’est le Festival du Cinéma Américain avec ses 70 films présentés au public. Se déroulant cette année du 31 août au 9 septembre, il sera présidé par l’actrice Sandrine Kiberlain. Sachant que le festival accueille plus de 60 000 visiteurs durant dix jours, quelles sont les retombées économiques pour Deauville ?
Le festival a été créé en 1975, par Michel d’Ornano, pour prolonger la saison. C’était une époque où Deauville ne vivait que deux mois par an. Le dernier dimanche d’août, le Grand Prix de Deauville clôturait la saison, tous les rideaux de fer tombaient, c’était fini. Aujourd’hui, le festival, ce sont des retombées économiques importantes, puisque pendant dix jours, (quand le festival a été créé, il ne durait que trois jours), ce sont des visiteurs qui remplissent les hôtels, les restaurants, les commerces au mois de septembre. Après, il y a aussi des retombées d’image, c’est quand même le deuxième festival de cinéma en France après Cannes, et puis il y a cette image des acteurs, des metteurs en scène qui viennent à Deauville, qui inscrivent leur nom sur les Planches comme sur Sunset boulevard.
Deauville est-elle une ville amie des américains ?
Deauville est une ville profondément attachée aux USA. Elle l’a été d’autant plus que ma prédécesseur Anne d’Ornano avait la double nationalité, elle avait été élevée aux USA et était très proche des Américains. Aujourd’hui, j’envoie tous les CM2, chaque année, fleurir des tombes des soldats du Kentucky à Colleville-sur-mer, le grand cimetière qui est sur la colline au-dessus de la mer, pour maintenir ce lien avec les Etats-Unis. Autre lien : nous sommes jumelés avec Lexington, nous avons chaque année trois étudiants américains qui viennent enseigner l’anglais dans notre école maternelle et notre école primaire. Au mois de juin, les enfants de maternelle et de primaire, donnent leur spectacle de fin d’année en chantant des chansons en anglais. Nous avons des accords d’échanges réciproques avec une université dans le Kentucky, nous envoyons certains de nos lycéens pour des séjours linguistiques avec l’Université du Kentucky. Oui, nous entretenons des liens très forts avec les Américains.
Au Festival du Cinéma Américain, vous avez la chance d’accueillir les plus grandes stars du cinéma américain. Avez-vous des préférences pour certaines ?
Mon dernier coup de cœur, du fait à la fois de sa beauté et de son intelligence, était Cate Blanchett. Bien avant qu’elle ne soit Présidente du jury de Cannes, elle était chez nous, il y a trois ans pour son film « Blue Jasmine ». On a dîné deux fois, l’un à côté de l’autre et c’est comme ça que je peux dire qu’elle est très cultivée et très intelligente. Sa beauté, on peut la voir sur les écrans.
Et parmi les acteurs, certains sont-ils devenus vos amis ?
L’un de mes souvenirs les plus marquants, c’est d’avoir accueilli à dîner à la maison, en même temps, Francis Ford Coppola et George Lucas ! Avec Coppola, nous n’avons pas beaucoup évoqué le cinéma, nous avons plutôt parlé de vin, parce qu’il a des vignes en Californie. J’ai dîné aussi avec Harrison Ford, avec Sydney Pollack qui est un type génial ! Souvent des liens se créent avec le jury.
Vous occupez-vous du Festival du Cinéma Américain ?
Pas directement, le festival appartient à la ville de Deauville, qui délègue l’organisation à notre palais des congrès, lequel palais des congrès a un contrat avec Le Public Système, qui a un département cinéma dirigé par Bruno Barde, et c’est eux, sur le plan artistique, qui organisent le festival. Je me rends au festival tous les soirs (je ne peux pas y aller dans la journée parce que c’est la rentrée et que je travaille) pour recevoir nos invités. A l’ouverture du festival, nous recevons l’ambassadeur ou l’ambassadrice des Etats-Unis. J’aime l’effervescence du festival parce que cela fait partie de la vie de Deauville et de son image, et je fais ce qu’il faut pour. J’avoue que c’est particulièrement agréable et intéressant de côtoyer des grandes vedettes, de rencontrer des réalisateurs, des acteurs, des cinéphiles.
Deauville n’en oublie pas pour autant les causes humanitaires, elle qui organise toute l’année des événements au profit d’associations caritatives…
Oui, énormément de dîners caritatifs se déroulent à Deauville, certains internes à la ville comme la Croix-Rouge locale, le CCAS, (le comité communal d’action sociale qui finance les aides aux personnes en difficulté), d’autres organisés par des associations deauvillaises ou non, comme le gala de Just Word International qui s’occupe d’enfants en Afrique, ou durant plus de dix ans, le dîner de Care France. Nous avons aussi nos clubs services Rotary et Lion’s qui sont très actifs…
On ne peut évoquer Deauville sans parler des magnifiques ventes de Yearlings, réputées dans le monde. Le yearling est un poulain ?
Le yearling est un cheval qui a entre 1 et 2 ans. L’âge des chevaux se calcule selon l’année civile. L’année de leur naissance, ils sont foal (poulain). Au premier janvier suivant leur naissance, ils deviennent yearling jusqu’au premier janvier suivant. Il existe des yearlings de pur-sang anglais, une race fondée en Angleterre. On a aussi les ventes de Yearlings de trotteur qui est une autre race et qui, elles, se déroulent en septembre.
Depuis des années, vous galvanisez comme personne le marché hippique. Grâce à vous, les enchères flambent, et le chiffre d’affaire s’envole…
Ce fut mon premier métier et mon premier lien avec Deauville. Avant d’être maire, je dirigeais la société qui organisait les ventes de chevaux à Deauville. A l’époque, « L’Agence française de vente de Pur-sang » se trouvait à Paris. Quand j’ai été élu ici, pour mon premier mandat comme maire-adjoint, j’ai transféré tous mes bureaux à Deauville. Lorsque je suis devenu maire de Deauville, j’ai vendu la société (aujourd’hui rebaptisée par mes successeurs « Arqana ») et je me suis retiré. Aujourd’hui, je n’ai plus d’activités dans le milieu hippique mais je continue à vendre un peu à la tribune, aux enchères parce qu’on m’a demandé de rester et que cela m’amuse. C’est une façon de conserver un lien professionnel avec ce monde, et pas seulement un lien mondain. C’est vrai que la grande notoriété de Deauville dans le monde est due, avant tout, au cheval. Deauville est la capitale du cheval. C’est vrai aussi que j’ai fait de cette société qui organise les ventes, la troisième dans le monde, en termes de chiffres d’affaires. Je l’ai développé à l’international et aujourd’hui les cinq continents sont représentés dans ces ventes qui ont lieu chaque année mi-août et ont permis de faire connaître Deauville dans le monde entier. Imaginez, le week-end du 18-19 août à Deauville, vous avez les courses hippiques, les ventes de Yearlings, un concours hippique international top niveau, et le polo. Pas mal non ?
Superbe ! Toute la planète, le Japon, les USA, l’Irlande, l’Angleterre, les Emirats se pressent à ces ventes. Depuis le début de celles-ci, quel a été le cheval le plus cher ?
Le yearling de Pur-sang le plus cher a été vendu 2 millions 600 000 euros. Sinon le cheval le plus cher reste un cheval trotteur, l’acheteur a déboursé 3 millions d’euros pour l’acquérir.
A Deauville, il y a un Cheikh qui a une villa magnifique, une propriété de toute beauté, refaite à l’identique, en front de mer. On dit qu’il ne vient qu’une fois par an, pour les ventes…
Oui, il vient pour les ventes de Yearlings, mais il ne va pas dans sa propriété. Il préfère descendre à l’hôtel, au Normandy, avec toute sa suite. Il s’agit de Cheikh Mohammed Al Maktoum, le premier ministre de Dubaï. Dubaï appartient à la famille Maktoum. Dans la famille dirigeante de Dubaï, il y a plusieurs frères et Cheikh Mohammed est le leader de la famille. Ce n’est pas lui d’ailleurs qui avait repris la villa, c’était son frère aîné qui s’appelait Maktoum Al Maktoum, qui est décédé depuis. Mais la villa est restée dans la famille.
Les Emirats sont-ils les acheteurs les plus importants à ces ventes de Yearlings ?
Cela s’est considérablement diversifié dans la mesure où maintenant les Emirats ont leur propre élevage, ils élèvent leurs propres chevaux, donc ils ont moins besoin d’acheter des yearlings, mais vous avez aujourd’hui des acheteurs australiens, japonais, américains du sud, chinois. Les Chinois commencent à avoir des chevaux de course aussi. Les Français achètent un peu, restent la part la plus importante du chiffre d’affaires, mais n’investissent pas au même niveau que les richissimes moyen-orientaux, japonais ou autres.
Depuis peu, la philosophie s’invite aussi à Deauville. Deauville est devenue la nouvelle cité des philosophes ! Cette année, le philosophe normand Michel Onfray a quitté Caen, pour donner, dans le cadre de son université populaire, un cycle de conférences à Deauville au CID. Etes-vous à l’origine de cette superbe initiative ?
Oui ! Cela s’est passé de la façon suivante : Michel est un ami. Quand il s’est fait « expulser » de l’université de Caen, il y a deux ans et demi maintenant, je lui ai dit, un peu comme une provocation : « Viens faire tes cours à Deauville ! » Il m’a d’abord dit non, d’une part, parce qu’il était très attaché à Caen, et d’autre part, parce que Deauville lui semblait un endroit un peu « curieux » pour dispenser ses cours. L’année suivante, il a donné ses cours à un endroit qui s’appelle « La Fonderie » à Hérouville Saint-Clair, dans la banlieue de Caen. Puis l’année suivante au Zénith de Caen. Tout ça coûtait trop cher, Michel a voulu revenir à l’Université de Caen mais les universitaires ont tout fait pour qu’il ne revienne pas. Donc, là, il m’a appelé en décembre dernier, en 2017, et m’a dit « Ta proposition tient toujours ? ». J’ai répondu « Bien sûr ! », et là j’ai appelé le Palais des Congrès, j’ai dit « Faites ce qu’il faut pour qu’il puisse s’installer « . Résultat : ces quatorze cours ont connu un succès considérable. Tout le monde se réjouissait d’y assister, y compris ceux qui ne pensaient pas comme Michel Onfray. Ses cours donnaient à réfléchir, suscitaient l’étonnement. Il y a eu 14 cours au premier semestre (du 21 janvier à juillet 2018) et nous repartons à la rentrée, en octobre prochain pour un an (cela dit, je pense que si Michel Onfray a l’opportunité de retourner à Caen, il y retournera, car il y est très attaché). Enfin, pour l’instant, il est chez nous, et tout le monde est ravi. A chaque conférence, il y a plus de mille personnes dans le public !
Soit, presque un tiers de la ville, puisque Deauville compte à peu près 3800 habitants !
Mais il n’y a pas que des Deauvillais, les Caennais viennent, les gens viennent de Lisieux, de partout !
Dans son essai « Décadence », Michel Onfray prédit la fin de la civilisation occidentale. Philippe Muray affirme lui, dans « Festivus Festivus » que « la fin du monde est déjà derrière nous »… Qu’en pensez-vous ?
Vous pouvez considérer que la civilisation est en souffrance avec l’ultralibéralisme, le consumérisme, le nihilisme etc. mais cela fait partie de la civilisation, c’est la civilisation d’aujourd’hui et c’est la nôtre. A vrai dire, la civilisation n’est pas en déclin, elle est en pleine évolution… Il y a un phénomène d’accélération de cette évolution du fait des nouvelles technologies qui font changer notre monde. La civilisation évolue du fait de la mondialisation, de la simplification des transports. Aujourd’hui, les jeunes qui font des études et qui ont un peu d’ouverture d’esprit sont des citoyens du monde. C’est quoi la civilisation au regard d’un citoyen du monde ? C’est le cosmopolitisme. Le monde a vécu de migrations, et chaque fois qu’il y a des migrations, la civilisation évolue parce que les cultures se mélangent, se renouvellent. Je trouve que l’on traite mal du problème de la migration. Ici, j’ai créé, l’année dernière, avec Régis Debray, « Le Collège des Mondes possibles ». Pour l’instant, nous n’avons eu qu’une première cession. La prochaine cession sera en octobre. « Le Collège des Mondes possibles » veut traiter de problèmes fondamentaux du monde sur le temps long. De nos jours, quelle que soit l’importance du problème, on le traite dans l’immédiateté et dans le temps médiatique. Concernant les migrations, les gens n’ont qu’un sujet en tête, c’est Calais. Maintenant, c’est plutôt Ouistreham d’ailleurs ! On traite ce problème à court terme, alors qu’il y a depuis toujours des dizaines de millions de gens sur les routes terrestres et maritimes dans le monde entier. Vous avez les migrations climatiques, les migrations politiques, les migrations économiques. Les migrations sont de toutes natures. Dans quarante ans, l’Afrique comptera deux milliards d’habitants, donc ces gens vont bouger. Vous avez déjà 150 millions de gens déplacés du simple fait du climat. C’est à cette échelle là qu’il faut traiter le problème des migrations. Cela a été notre premier thème. Le prochain, sera le numérique. Qu’est-ce que le numérique va changer dans notre monde ? Sur le plan politique au sens noble du terme, sur le plan du droit.
Les gens aujourd’hui sont en quête de sens, pensez-vous que la philosophie peut les aider à trouver la vérité ?
Bien sûr ! Tout ce qui peut les amener à réfléchir est souhaitable, la philosophie bien sûr, mais aussi la littérature. Parce que c’est à travers la littérature que l’on se construit. A Deauville, il y a un festival du livre, mais il y a aussi une vie littéraire tout au long de l’année. On a un prix littéraire « Livres et Musiques de Deauville » dont le jury est présidé par Jérôme Garcin. Et un « Prix de la ville de Deauville » avec un jury qui n’est composé que d’écrivains ayant une maison dans le coin. Nous avons aussi un « Prix du Public » et un « Prix des Ados », (organisé grâce au financement des espaces culturels Leclerc.) Cette année, 3800 ados ont voté pour le « Prix des Ados » sur la Normandie, avec 65 établissements et lycées, 131 classes (des élèves qui sont en première et en terminale). Quand nous avons remis le prix au CID, sur les 3800 votants, 2000 sont venus. Tous les auteurs nominés étaient là sur la scène, avec leur livre, à expliquer leur démarche. Les ados étaient ravis de participer à ce « Prix des Ados ». Preuve que les jeunes lisent encore… Autre chose que l’on fait à Deauville et qui est complètement atypique, c’est une distribution des prix. Le nombre de bouquins que l’on fait rentrer dans les familles qui n’en ont pas, vous n’avez pas idée ! Accompagné de mes adjoints, je remets les livres aux jeunes, et je leur demande : « Y-a-t-il a des livres chez toi ? ». Beaucoup répondent « ben non, pas énormément ». Donc, tout ce qui peut les inciter à lire est souhaitable… Depuis plus de 20 ans, d’ailleurs, dans chacun de mes dîners, chaque invité reçoit un livre dans son assiette. Quand je le connais, évidemment le livre a un rapport avec lui. Ce petit présent a un triple intérêt : le premier, c’est une attention personnelle à laquelle les gens sont sensibles. Le deuxième, c’est qu’au moment où chacun trouve son bouquin dans son assiette, j’explique pourquoi j’ai choisi ce livre et cela me permet de présenter tout le monde à tout le monde, et troisième intérêt, cela lance la conversation autour de la table, sur des sujets autres que le dernier sondage ou la météo. Cela fait plus de vingt ans que je procède ainsi !
Etes-vous d’accord avec Henry Miller qui estime « qu’ on ne reçoit jamais trop d’amour dans la vie et on en donne jamais assez » ?
Mille fois d’accord ! J’ai rencontré Henry Miller à Big Sur, en 1977, en Californie. J’avais été invité par le gouvernement américain, grâce au programme des « Young leaders ». J’ai passé cinq semaines aux USA en choisissant où je voulais aller, qui je voulais rencontrer, et on organisait mes rencontres. C’était génial ! J’ai aussi rencontré Ronald Reagan qui était gouverneur de Californie.
Dans la mémoire collective, Deauville est associée à la ville de l’amour, celle de la rencontre d’un homme et d’une femme, de Jean-Louis Trintignant et d’Anouk Aimé sur les planches. Cette image de Deauville vous plait-elle ?
Elle me plait énormément car elle correspond à la réalité ! Et d’ailleurs, on essaye de valoriser cette image en permanence. Par exemple, en 2010, puisque j’avais fait le pari de faire un événement par jour pour le cent cinquantenaire de la ville de Deauville – et on l’a fait ! – le jour de la Saint Valentin, avec Claude Lelouch, on a reconstitué le baiser de Jean-Louis Trintignant et d’Anouk Aimé. Mille couples se sont embrassés. J’ai donné le nom d’une petite place de son vivant à Claude Lelouch, sur les planches, à l’endroit même où dans le film, la mustang arrive au petit matin et fait des appels de phare. C’est sur la place Claude Lelouch, que Claude a fait la connaissance de sa dernière femme, ce jour-là ! Deauville est donc bien la ville des amoureux !
Vous êtes un esprit curieux et déterminé, un homme d’action et de conviction qui déteste l’injustice. Mais êtes-vous un homme sentimental ?
Je suis assez sentimental, et très sensible. J’aime les gens, et j’aime être aimé d’eux. Deauville, c’est une petite ville. A l’égard des habitants permanents, je gère cette ville comme une immense famille. Je les connais pratiquement tous, et nous nous occupons de ceux qui en ont besoin. Mais en politique politicienne, l’affect, c’est un handicap. Il faut être dur, cynique. Cynique, c’est tout le contraire de moi…
Enfin, vous concertez-vous avec Dominique Desseigne, le PDG du Groupe Barrière, pour créer des événements sur Deauville ?
Oui, nous travaillons de concert avec Dominique Desseigne. Je l’estime, je l’apprécie, et je l’aime bien parce qu’il est très attaché à Deauville, et qu’il nous soutient vraiment. Nous avons des intérêts communs. Par exemple, c’est le Groupe Barrière qui a cofinancé le CID qui est notre Palais des Congrès. Je ne ferais pas la moitié de ce que je fais si je n’avais pas le Palais des Congrès. Pour le festival de Pâques de musique qui est absolument magnifique, Le Groupe Barrière donne 200 000 euros par an. On essaie sur les événements importants publics comme le Polo, de cofinancer Groupe Barrière et ville. Pour le Festival du Cinéma Américain, le groupe Barrière met 2700 nuitées à disposition du festival, et offre le dîner d’ouverture et le dîner de clôture. C’est un soutien incomparable pour la ville de Deauville.
Propos recueillis par Isabelle Gaudé