« Je suis un amoureux du palais » dit-il joliment et c’est peu dire que grâce à ce jeune chef cuisinier, cet enfant de la Meuse, le palais est à la fête. Avec lui, chaque bouchée est un bout d’absolu, une surprise gastronomique. A table, on vogue entre incrédulité, vertige et volupté, en un voyage exquis aux frontières de l’inconnu. Déguster la cuisine du chef étoilé Johan Thyriot c’est faire la stupéfiante expérience qu’il existe encore sur terre des goûts inexplorés, des fumets rares, des parfums inédits, des arômes et des saveurs originales, des alliances méconnues qui ne demandent qu’à élargir la palette gustative. Voici donc une cuisine audacieuse, inventive, qui ne manque pas de piment, et dont les grains moulus des 44 poivriers vont stimuler, électrocuter, faire décoller vos papilles. Car le chef Johan Thyriot, ce cuisinier surdoué, s’est donné pour mission de délivrer les palais fins de la routine. Exit le classique, le connu, le déjà-vu, le déjà goûté, le répertorié et le remâché, place à l’innovation, à l’inédit, aux chefs-d’œuvre de l’imagination. Ici tout est nouveau, incroyablement nouveau. Et c’est merveille, car dans les assiettes, ce sont nuances, subtilités, finesses comme s’il en pleuvait… A table, c’est tantôt un joyau de homard saphir serti de poivres exotiques de Phu Quoc rouge, alangui sur une mousse de betterave dorlotée par des poivrons aux parfums de passion et de graines de la paix. Les mots manquent à décrire cette fraîche coulée iodée qui implose en bouche comme une vague déferlante et rafraîchissante. C’est un peu comme avaler les embruns de cette Manche qui ondule constamment derrière les fenêtres cathédrales du vaisseau étoilé qu’est le restaurant « 1912 ». C’est encore un filet Black Angus plus tendre et moelleux qu’un doux velours, le fondu du bœuf qui rosit de plaisir et flirte avec le glacis d’une sauce divine, un jus de viande aux notes réglissées, le tout accompagné de frites d’aubergines relevées d’une giclée de gingembre. En bouche, la sapidité dorée, charnue de la viande d’exception alliée à l’ambre du gingembre provoque une telle onde de plaisir, un tel bouquet de bonheur que le palais, confit de gratitude, s’agenouille mentalement pour remercier le ciel de cette divine saveur qu’il n’est pas prêt d’oublier. Le corps se réjouit de prolonger de telles agapes, c’est vrai, ce qui ressemble au bonheur ne voudrait jamais finir… On se met à convoiter l’inaccessible, la perfection et elle arrive comme par magie sur la table joliment dressée, sous la forme d’un filet de Bar étuvé aux zestes d’orangettes, jeu de concombre, coco et câpre. Et là, c’est l’apothéose… Du sublime à jet continu. L’apothéose, avant la prochaine apothéose qui s’annonce avec le dessert. Le dessert du fabuleux chef pâtissier Sébastien Gamot, un dessert poivré comme il se doit, « Le Chocolat Mokaya, thé ananas épicé, poivre de Timiz » signe le final et l’acmé du repas. C’est léger, frais, acide, vaporeux, craquant, acidulé. Le peps du poivre combiné à la cannelle dynamite le chocolat ravageur… Une émotion vaporeuse vous emporte et soudain… c’est l’éternité dans une bouchée, l’infini à la portée des cuillères… On l’aura compris la cuisine de Johan Thyriot est exceptionnelle. Elle est si originale qu’après elle, toutes les autres cuisines semblent fades… Ce magnifique fleuron du groupe Accor qu’est l’hôtel « Les Cures Marines » de Trouville et son restaurant gastronomique « 1912 » n’est pas seulement un hommage au faste de la Belle Epoque, c’est aussi un lieu où un chef qui a un stupéfiant sens du goût, nous initie à l’ivresse de l’ingoûté, crée de l’inoubliable, tout simplement parce qu’il a le goût de l’absolu… Que rêver de mieux ?
A 39 ans, vous avez déjà une belle carrière derrière vous. Elève de Christian Willer au Martinez puis de Philippe Labbé, vous travaillez ensuite pour les chefs Michel et Sébastien Bras qui vous proposent de prendre la direction de leur restaurant au Japon. Vous partez avec votre compagne sur l’île d’Hokkaido et vous décrochez une troisième étoile pour le restaurant « Michel BRAS Toya ». Aujourd’hui, les critiques gastronomiques vous prédisent un très bel avenir. Comment le voyez-vous cet avenir ?
Je le vois surtout dans une démarche éco-responsable et respectueuse vis-à- vis de la nature. Bien sûr, j’espère un jour pouvoir être reconnu comme un chef qualifié, mais ce qui m’importe avant tout c’est d’aider la planète à mon niveau, dans la façon de procéder à mes achats, d’exploiter les marchandises et de privilégier les produits locaux. Cuisiner les produits du terroir normand c’est non seulement rendre hommage à une région, c’est aussi travailler en équilibre avec la nature.
Michel Bras est pour vous une source d’inspiration. Est-ce parce qu’il est l’un des plus grands chefs cuisiniers de la planète ou parce que c’est un artiste doublé d’un humaniste ?
Disons que parmi mes mentors, Philippe Labbé m’a appris la technique (c’est un technicien hors pair, il m’a appris à travailler, à avoir le geste, le geste précis) et Michel Bras, lui, m’a initié à la poésie culinaire. Tous ses plats respirent la poésie. C’est une cuisine radieuse, vaporeuse, inspirée, éclatante de couleurs, de parfums et d’arômes. Un appel de lumière et de magie. Une cuisine qui laisse une trace infinie dans votre âme… Grâce à Michel Bras, j’ai beaucoup appris aussi sur la lisibilité de la cuisine. Car la cuisine parle avec les yeux avant de s’exprimer en bouche.
Un an après votre arrivée au restaurant « 1912 » de l’établissement « Les Cures Marines » à Trouville, vous décrochez une première étoile au Michelin. Précisons qu’aujourd’hui le restaurant gastronomique « 1912 » est le seul restaurant étoilé en France dans un site de thalassothérapie. Etes-vous fier de cet exploit ?
Bien sûr !
Donc, bientôt la 2ème étoile !
J’aimerais… En tout cas, c’est l’ambition que je me suis donné !
Déguster vos menus dégustation « Feu » ou « Mer », c’est s’immerger dans l’incandescence d’un repas sans repères. Tout le long du menu, on est dérouté par des goûts inconnus, des associations inattendues, des sensations fortes et en même temps c’est de la pure grâce… Ces deux menus sont une incroyable symphonie de saveurs aux notes poivrées qui s’achèvent en apothéose par un sublime dessert de Sébastien Gamot, véritable feu d’artifice de sapidités fondantes et de subtiles poivrades. Dans cette musique, aucune dissonance, juste l’accord parfait…
Vos remarques me touchent. J’avoue que j’ai une cuisine assez atypique de par l’utilisation des poivres qui amène de nouvelles variations, des parfums neufs et méconnus. Le poivre a longtemps souvent souffert de l’image du sel et du poivre gris que l’on pose sur la table. Mais le poivre ce n’est pas du tout ça, c’est un condiment qui possède des notes aromatiques exceptionnelles, et ce sont elles qui confèrent une saveur inhabituelle aux mets.
Vous composez vos assiettes comme des peintures. Vous réalisez une cuisine tendre, douce, sensible, poétique que vous musclez et pimentez d’aromates et de poivres rares. Le poivre blanc, noir, gris, rouge, orangé, c’est votre palette chromatique ?
Oui, mais mes véritables couleurs ce sont surtout les plantes aromatiques ! D’abord, parce que cela représente le premier moment de ma journée. Je suis là dans mon jardin, j’arrose mes plantes, et c’est à ce moment là que je crée mes plats. Je ne suis pas un cuisinier qui fait des essais dans une cuisine, je suis un cuisinier qui m’exprime en pleine nature. C’est en me baladant, en musardant, en ramassant mes plantes, que j’imagine mes plats, avant de les tester en cuisine. J’ai déjà l’assiette dressée dans ma tête avant même d’arriver à mes fourneaux !
C’est la ville de Trouville qui vous a donné ce potager ?
Oui, nous avons fait un partenariat avec Trouville. La ville a mis à ma disposition des serres pour cultiver mes herbes aromatiques (que du bio !) et j’interviens sur les écoles, dans les cantines pour initier les enfants au mieux-manger. J’interviens aussi auprès des personnes âgées dans les maisons de retraite. Nous multiplions les échanges avec leurs cuisiniers et du coup nous sommes vraiment dans une démarche sympathique, humaine et chaleureuse. Ce partenariat a le mérite aussi de démocratiser mon métier et de me permettre de rencontrer un tout autre public.
Vous avez même créé des vocations chez des enfants…
De plus en plus d’enfants veulent devenir cuisiniers ! J’ai rencontré en effet un jeune garçon qui à la base ne souhaitait pas être cuisinier mais qui depuis qu’il m’a vu faire, a eu la vocation. Il n’y a pas longtemps, j’ai revu sa mère – ses parents sont même venus dîner au restaurant le 1912 avec lui – qui m’a déclaré que son fils répétait à l’envi : « je ne veux pas être pompier, je ne veux pas être policier mais je veux être comme lui, chef cuisinier ! » C’est amusant…
Vous cuisinez en compagnie de très nombreux moulins à poivre alignés près de vous. Chaque plat a son poivre. Sont-ce les moulins de votre cœur comme dans la chanson de Michel Legrand ?! Etes-vous un affectif ? Plus sérieusement, quelles sont les vertus du poivre ? Est-ce un révélateur, un amplificateur de goût ? Le poivre est-ce l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres ?
Je dis toujours à mes cuisiniers que lorsqu’ils dressent ou servent une assiette, ils doivent s’imaginer qu’ils la servent à leur famille ou à leurs parents. Dans tous les cas, s’ils procèdent ainsi, ils vont mettre beaucoup d’amour dans leur assiette. Et le client le ressentira. Moi je suis un cuisinier amoureux et je le revendique. Mes poivres font partie de mon histoire et je les aime plus que tout ! Assez souvent même, je leur parle… Je ne devrais pas dire ça parce que c’est quand même assez surprenant, mais il m’arrive de leur poser des questions du genre : « Comment te sentirais-tu si je te mettais sur ce plat ? » J’entretiens un véritable dialogue avec mes poivres ! Le poivre c’est à la fois un exhausteur de goût et une touche de feu. On va avoir des notes agrumes très végétales ou très florales mais on a également des notes cuivrées, voir cuir et camphrées. Du coup, on peut jouer sur ces différentes tonalités et amener des subtilités aromatiques qui seront beaucoup plus prononcées que le simple produit livré à lui-même avec un peu de sel. C’est simple, j’ai tendance à réduire ma quantité de sel et à augmenter celle du poivre.
Le poivre cela réchauffe ?
Oui, cela réchauffe complètement. Vous ne changez pas la saveur du produit, vous la réveillez avec du poivre. Vous la révélez. Le poivre, c’est ma signature. A l’origine, j’utilisais les plantes aromatiques, comme Michel Bras. J’ai commencé à travailler les cartes printemps, été, automne avec les plantes, mais, en hiver, c’était un peu la panne sèche, je ne savais pas trop quoi mettre dans mes plats puisqu’il n’y avait plus de plantes. J’ai essayé les épices sous toutes leurs formes et là, j’ai trouvé qu’à la différence du poivre, cela avait tendance à dénaturer le produit. C’est-à-dire qu’on amenait une dynamique de goût qui avait tendance à couvrir le goût et non à le réveiller. Alors, je suis allé voir du côté des poivres. J’ai commencé avec un deux trois poivres et maintenant j’en ai toute une collection, j’en ai plus d’une quarantaine !
Votre cuisine tire aussi sa force, son originalité, son inventivité de la manière dont vous mariez l’immariable ou tout au moins dont vous procédez à des alliances pour le moins improbables. Ce sont les noces du terroir normand et de la région sud-ouest. C’est le mariage du Japon et des fonds marins normands. Les noces de l’Orient et de l’Occident. Que cherchez-vous à exprimer à travers ces alliances singulières ?
Je cherche à montrer que finalement, il n’y a pas un terroir meilleur qu’un autre. Ce que j’essaye d’exprimer dans ma cuisine c’est que la planète est un véritable vivier de produits de qualités et que n’importe où dans le monde, vous allez trouver de beaux produits, des recettes et des savoir-faire qui vont mettre en avant ces produits. Aujourd’hui, je suis en Normandie, je travaille des produits normands mais je ne me verrais pas faire une cuisine normande. J’ai envie de montrer que ma cuisine peut être réalisée avec des produits normands mais peut avoir une note totalement mondialiste, cosmopolite, ouverte sur toutes les influences.
Vous utilisez souvent une terminologie affective. Vous parlez de fusion, d’osmose. Vous avez le vocabulaire d’un passionné, d’un affectif, comme si vous entreteniez un rapport fusionnel à la nature, aux plantes ! C’est sans doute pour cette raison que votre cuisine est si attachante, si inoubliable…
Je ne suis pas un grand technicien et je l’assume. Je n’ai pas non plus le col Meilleur Ouvrier de France et je ne l’aurais jamais, je suis plus dans la poésie et le sens du goût. Je suis un amoureux du palais…
En tant que chef, vous êtes très attentif à l’anti-gaspillage, à l’écologie. Vous vous définissez comme un cuisinier-jardinier. Vous sélectionnez attentivement vos partenaires locaux pour la viande, les légumes, les fruits, les poissons. Vous avez même deux ruches sur les toits des « Cures Marines ». C’est votre philosophie, la préoccupation écologique ?
Je suis né dans un petit village, en pleine campagne et j’avoue que depuis toujours j’ai un attachement viscéral à la nature. Je ne devrais pas dire ça pour mes collègues parisiens mais je n’ai jamais voulu travailler sur Paris parce que j’ai besoin de la nature, je ne me sens pas à ma place sur le bitume. Il y a deux jours, je suis allé voir un nouveau maraicher à côté d’ici, j’ai passé une journée extraordinaire en sa compagnie. Il m’a rappelé le lendemain en me confiant gentiment : « Je n’aimerais travailler qu’avec des Chefs comme toi ! ». Je suis un homme du terroir, je suis attaché à la nature, aux hommes, aux pécheurs que je rencontre à chaque fois. Vous voyez ce qui se passe en ce moment en Amazonie, eh bien le soir je pleure devant les infos en voyant le feu détruire la nature. C’est plus fort que moi…
Contrairement aux autres chefs, vous n’avez pas de « plat signature ». Pourquoi ? Est-ce comme le disait Pierre Gagnaire « que la technique ne doit jamais prendre le pas sur l’émotion ». Pas de plat figé mais de l’inédit, du rêve en permanence ?
Quand on a un « plat signature », on le retrouve tout le temps sur la carte. Or un produit évolue en fonction des saisons, des terroirs, des régions. J’ai du mal à croire à l’aspect figé d’une recette. Par exemple, un poisson comme le Bar évolue en fonction des saisons. En période de reproduction, il va être beaucoup plus gras. Ce produit évolue et je considère que mes recettes évoluent de la même manière. C’est la nature qui me dicte mes recettes, non l’inverse. Et donc ma signature, c’est de ne pas en avoir…
L’hôtel « Les Cures Marines » à Trouville est un hommage à ce qui fut le plus grand Casino d’Europe (et thalassothérapie) inauguré en 1912 à la Belle Epoque. Le groupe Accor, qui en est le propriétaire, a souhaité redonner tout son faste, sa grandeur d’antan à ce lieu célèbre à l’époque pour ses fameux bains de mer. La ville de Trouville est-elle redevenue, grâce aux « Cures Marines » et à son sublime restaurant gastronomique « 1912 », la cité balnéaire emblématique de la Côte Normande qu’elle fut jadis ? Aviez-vous pour ambition de faire revivre la Belle Epoque ?
Trouville a longtemps été victime de la « concurrence » de Deauville. Il est vrai que depuis toujours Deauville a été « the place to be ». Aujourd’hui, les choses sont en train de changer. Trouville commence à attirer de plus en plus de monde parce qu’elle a ce côté décomplexé, familial. Certains même préfèrent Trouville à Deauville. Sans compter qu’à l’hôtel cinq étoiles « Les Cures Marines », nous sommes l’une des thalassothérapies les mieux notées de France. La particularité de notre hôtel c’est de ne pas être un site de thalassothérapie. Nous sommes avant tout un hôtel et la thalassothérapie est une option chez nous. C’est vrai enfin que grâce au Groupe Accor qui a réussi son pari, « Les Cures Marines » ont retrouvé aussi leur lustre d’antan. Les lieux sont fastueux et les équipements ultra-moderne. Enfin le restaurant « 1912 » nous attire une très belle clientèle.
Le Gault et Millau vient de vous décerner 3 Toques et une note de 15. C’est plus que prometteur. A quand la 2nde étoile au Michelin ? Est-ce possible au sein d’un centre de thalassothérapie ?
Gault & Millau m’a toujours suivi et cela fait longtemps que j’ai 3 toques. Ils me les ont redonnées ici, au « 1912 » et c’est très bien. Pour ce qui est de la deuxième étoile au Michelin, c’est une ambition à la fois personnelle (un objectif assumé !) et affichée de la maison. Le Groupe Accor espérait 1 étoile et on se rend compte qu’on pourrait peut-être aller en chercher une deuxième… J’avoue qu’on serait plus qu’heureux de l’obtenir…
Cette reconnaissance vous importe ?
Oui, parce que je ne suis pas issue d’une famille de restaurateurs. Mon histoire, je me la suis créée tout seul. Bien souvent, certains chefs qui ont hérité de maisons familiales ont tendance à dire qu’ils ne veulent plus participer à cette course aux étoiles mais dans mon cas c’est différent. D’abord, j’ai envie de me prouver à moi-même que j’en suis capable. C’est comme un diplôme ! Je compare souvent les cuisiniers à des sportifs. Une étoile c’est comme une médaille de bronze aux Jeux Olympiques… et l’Or, ce serait les trois étoiles ! Et puis j’aime cette pression, cela me permet de me lever le matin et d’avoir envie chaque jour de me dépasser, de me surpasser, de ne jamais me reposer sur mes acquis. Je suis toujours en quête de recette nouvelle. A ce propos, nous changeons notre carte à chaque saison. Là, à la mi-septembre, j’ai réalisé la carte d’automne.
Avez-vous d’autres projets concernant « Les Cures Marines » ?
L’année prochaine, nous allons ouvrir une boutique de vente de produits à emporter. Ce seront des produits labellisés « Cures Marines », des produits du restaurant. Nous allons vendre toute les huiles parfumées que nous réalisons dans les cuisines du restaurant, nous allons vendre des poivres, des confitures, des chutneys, des cookies, des madeleines etc., nous allons développer plusieurs gammes.
Quel est votre meilleur souvenir gastronomique ?
Incontestablement, le plat qui m’a le plus marqué dans mon histoire de cuisinier, c’est le gargouillou de jeunes légumes de Michel Bras. Ce plat lui a valu d’avoir les trois étoiles dans les années 80. C’est la première véritable assiette de légumes qu’un restaurateur a fait, qui a été dupliquée ensuite à l’infini. Et c’est enfin le plat qui a été le plus copié dans le monde. La première fois que je l’ai savouré, mes poils se sont dressés sur mes avant-bras et ça a été une émotion inégalée, incomparable. Je n’ai jamais retrouvé cette sensation… Je regardais l’assiette et c’est comme si le temps s’arrêtait et que j’assistais, médusé au chant chatoyant, à la mélodie des légumes… En une architectonique qui relevait de la magie, dans l’assiette s’ébattaient des légumes, des fleurs et des herbes de toute beauté. La cuisson des légumes était tellement juste, l’harmonie des couleurs, des reliefs tellement parfaite. J’avais devant moi la perfection. Michel Bras était au sommet de son art. Cela a été une révélation pour moi. J’ai compris alors l’univers que j’allais choisir dans le métier. Ce plat a fait plus que m’influencer, il a déterminé ma vie. Aujourd’hui, je rêve d’arriver à une telle perfection. En tant que cuisinier, il me semble que c’est à mon âge qu’on est certainement le meilleur. Disons dans cette tranche d’âge… 0n a l’expérience, la technique et le côté poétique. On reste encore assez jeune pour avoir ce coté fougueux et enthousiaste. On a le feu ardent…
Pour finir, vous qui créez en permanence du rêve, quel invité célèbre vous ferait à votre tour rêver pour un dîner à deux ?
J’aimerais bien dîner avec Pierre Gagnaire, si c’était un chef (pour moi, c’est un génie absolu…) Avec Michel Onfray, si c’était un intellectuel (ses écrits sur la cuisine sont magnifiques…) Avec Nathalie Portman, si c’était une actrice, parce que c’est une jolie femme et qu’elle a du charisme. Et avec Barack Obama, si c’était un homme politique (j’aurais tant aimé le rencontrer en tant que Président, j’apprécie son style.)
Propos recueillis par Isabelle Gaudé
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